LE TEMPS RETROUVÉ
Sixième épisode : Voyage avec le 10e Docteur
La scène se déroule la nuit à Kensington Gardens aux heures de fermeture. Le fantôme de Mary Stuart fait les cent pas autour de la statue de Peter Pan, impatiente, attendant quelques chose ou plutôt quelqu’un. Les cloches de Big Ben sonnent l’heure mais ce n’est pas la seule chose que Bloody Mary entend. Un bruit étrange et de plus en plus intense, comme venu de très, très loin, retentit suivi de l’apparition d’une drôle de boite bleue d’où sort en trombe un drôle de personnage. Il est vêtu avec élégance d’un costume cravate et d’un long manteau et il porte des lunettes rectangulaires. Pas de doute, c’est le Docteur et il est en retard.
LE DOCTEUR, enthousiaste : Brillant ! Brillant ! Ce n’est pas tous les jours que le TARDIS reçoit un message d’aide du fantôme de l’ennemie jurée de Liz.
MARY STUART : Tu n’as pas changé, tu es toujours en retard et toujours aussi fou.
Il éclate de rire.
LE DOCTEUR : Et toi, visiblement, toujours aussi susceptible lorsqu’on parle d’Elizabeth. (Pause.) Ou jalouse. C’est comme ça qu’on accueille un vieil ami ?
MARY : J’avais presque oublié, tu as fini par l’épouser. Quelle hypocrite de se faire appeler « vierge » après ça.
LE DOCTEUR : C’est sensé être un secret…
MARY : Tellement secret qu’un tableau des deux époux trône à la National Gallery.
LE DOCTEUR : Eh bien, ne va pas le crier sur tous les toits. Ce n’est déjà pas facile de cacher que la famille royale est en réalité une meute de loups-garous.
MARY : Voilà ce qui arrive quand la Reine légitime est décapitée. On épouse un extraterrestre et on devient un monstre sanguinaire.
LE DOCTEUR : Ou un fantôme aigri, au choix. Faisons la paix, veux-tu ?
MARY : C’est toi qui a commencé ! Mais tu as raison, je ne suis pas ici pour me chamailler avec toi à propos de Liz.
LE DOCTEUR : Pourquoi ne pas monter dans le TARDIS plutôt ? On pourrait lui faire une petite visite de courtoisie !
MARY : Je n’ai pas besoin de ta machine pour retourner au XVIe siècle botter les fesses d’Elizabeth. Les fantômes peuvent traverser autant l’espace que le temps, je croyais qu’un Seigneur du Temps savait ça.
LE DOCTEUR : Ça ne m’étonne pas. Le temps est plus complexe qu’on ne le pense. La plupart des gens y voit comme une ligne droite alors que ça ressemble plus à une pelote de laine, un méli-mélo temporel. Rien d’étonnant que des fantômes s’y entremêlent.
MARY : A te croire, je serai une sorte d’araignée qui n’arrive pas à s’échapper de sa propre toile. (Silence. Mary observe la statue de Peter Pan, pensive.) Toi et moi, nous sommes comme Peter Pan en quelque sorte.
LE DOCTEUR, étonné : Je vole aussi mais je pensais être moins immature que lui. J’ai toujours rêvé de jouer de la flûte.
MARY : On a peur de mourir, voilà tout. Que je sois déjà morte ou que tu te régénères ne change rien au problème.
LE DOCTEUR : Peut-être. Moi qui croyais que je me régénérerai seulement pour devenir un jour roux…
MARY : D’ailleurs, ça m’intrigue que tu ne sois pas venu avec une de tes énièmes compagnes qui te font oublier ta peur. Je m’étonne même que tu ne m’aies pas encore proposée de devenir une d’elles !
LE DOCTEUR, assombri : J’ai décidé de ne plus avoir de compagnes jusqu’à nouvel ordre. Trop de scènes d’adieux, trop de cœurs brisés, le mien inclus.
MARY : Tu les séduis toutes, une par une et tu t’étonnes du résultat ?
Le Docteur se dirige vers le TARDIS, s’apprêtant à s’en aller. Mary le suit.
LE DOCTEUR : Au revoir ! J’avais oublié que les fantômes étaient de très mauvais compagnons, même pour une nuit. J’étais presque curieux de répondre à ton appel mais je commence à regretter d’avoir perdu mon temps.
MARY : Un comble pour un Seigneur du Temps.
Le Docteur se retourne et éclate de rire.
LE DOCTEUR : Là, je te retrouve !
MARY : J’ai changé d’avis, je serai curieuse de monter dans ton TARDIS.
LE DOCTEUR : Par ou à travers la porte ?
MARY : On va voir si ton bouclier s’applique aux fantômes !
Mary essaye de traverser la porte sans succès.
LE DOCTEUR, fier : « Sexy » s’adapte à tout ! Personne ne peut duper le TARDIS, même un fantôme.
MARY, riant : Sexy ? Tu es plus fou que je ne le pensais.
LE DOCTEUR : Un homme fou dans une boite, ça me convient.
Mary et le Docteur entrent dans le TARDIS. Le Docteur aide galamment Bloody Mary à descendre les escaliers qui mènent à la salle de contrôle.
MARY : Tous ces boutons servent vraiment à quelque chose ?
LE DOCTEUR : Les fantômes m’étonneront toujours. Tout le monde s’exclame sur les dimensions paradoxales du TARDIS et toi, ça t’échappe.
MARY : Les fantômes sont eux mêmes des paradoxes. Plus rien ne nous étonne, très cher, désolée.
LE DOCTEUR : C’est le TARDIS que tu vexes, pas moi. Elle est très fière de ses mensurations. Peut-être que tu seras plus impressionnée par la piscine ou la bibliothèque !
MARY : J’en doute.
LE DOCTEUR : J’abandonne. (Pause.) Je te dépose quelque part ?
MARY : Je te dois bien ça. Mais ne rêve pas, je ne sais jamais où je dois aller.
LE DOCTEUR : Coordonnées au hasard alors. J’adore cette fonction du TARDIS ! L’aventure dans l’inconnu, il n’y a que ça de vrai. J’espère bien cette fois te surprendre. ALLONS-Y !
Le Docteur actionna les commandes de démarrage et les deux voyageurs sourirent en entendant le bruit si caractéristique du TARDIS. A l’écoute, les deux spirites sourirent elles aussi de l’entendre, enthousiasmées d’avoir rencontré par procuration le Docteur. Le fantôme de Mary Stuart avait eu besoin de cette pause dans sa quête pour aller de l’avant. Ce voyage au hasard donnerait à coup surs des résultats surprenants !
Retrouvez le prochain épisode vendredi prochain, le 29 août. Vous pouvez (re)lire les derniers épisodes avec Mercredi Addams, Oscar Wilde, Emily Brontë, Marie-Antoinette & Edgar Allan Poe ! Le podcast de l’épisode 5 sera disponible très prochainement.